C’est cela la foi

Zafu posé sur un zagu en attente du zazen

Zazen est Sawaki, Sawaki est zazen. Pas de séparation.

On considère souvent la foi et le zazen comme des choses distinctes, affirmant que le zazen n’est pas une expression de la foi. Pourtant, pratiquer zazen, se familiariser profondément avec soi-même, et façonner le soi le plus pur, c’est cela, véritablement, la foi. Si l’on s’assoit sans être pleinement présent, une séparation se crée entre soi et zazen. Le soi et zazen restent déconnectés. Le soi et Bouddha deviennent comme deux entités distinctes, et le Bouddha semble alors lointain. Cela ne va pas. Je crois que zazen et moi, Sawaki, ne faisons qu’un. Zazen est Sawaki, Sawaki est zazen. Pas de séparation. Je crois que Sawaki lui-même pratique zazen. Mais ce n’est pas si simple. Il existe une distance entre la posture assise et Sawaki. Pendant zazen, je pense à la jeune fille croisée en chemin, ou à d’autres choses encore. La posture doit être digne et majestueuse, comme le mont Fuji. Il ne faut pas être avachi ou somnoler sans cesse. En pratiquant zazen avec assiduité, Sawaki est attiré vers zazen. C’est ce qu’on appelle sanmai. Le sanmai est la pureté originelle. C’est le véritable moi.

Maître Hakuin a dit : « Tous les êtres sensibles sont originellement des Bouddhas. » Mais pour être attiré par cette pureté originelle, il faut pratiquer zazen avec une sincérité absolue et une persévérance sans faille.

Autrefois, je pensais qu’il ne fallait pas perdre son temps et que zazen était une activité improductive. J’ai fini par remettre en question cette conception erronée. C’est en pratiquant zazen que j’ai compris sa véritable valeur, et ma vision des choses a été complètement transformée. Zazen a triomphé de Sawaki, et j’ai été irrésistiblement attiré par cette pratique.

Il existe une dynamique, une relation complexe entre zazen et moi. Cette interaction se manifeste pleinement dans la pratique. Bien qu’on nous dise de simplement « faire zazen », il existe en réalité une infinité de dimensions à explorer dans cette expérience. Entre zazen et moi, il y a quelque chose d’immense et de complexe, comme si l’on découvrait un monde entier qui s’ouvrait devant soi. Lorsque cette expérience est développée dans la littérature, elle devient ce que l’on appelle le canon bouddhique.

Le Sūtra Avatamsaka en quatre-vingts volumes !
Le Grand Traité sur la Perfection de Sagesse en cent volumes !!
Le Grand Sūtra de la Perfection de Sagesse en six cents volumes !!!

Ces œuvres monumentales ont vu le jour, mais elles ne sont que des extensions de ce qui existe entre l’homme ordinaire et le Bouddha, entre moi et zazen. En fin de compte, le Zen de la « Vision pénétrante des trois temps » (三世通観, sanze tsūkan) désigne ce qui traverse proprement tout ce qui existe, depuis l’intérieur de notre corps tout entier. C’est la vision pénétrante du passé, du présent et du futur.

Comme le dit une ancienne expression :
« Comprendre à travers le passé et le présent sans erreur, appliquer cela à l’intérieur et à l’extérieur sans contradiction. »

Une telle compréhension ne peut être atteinte qu’au cœur même du samadhi.

Sawaki Kōdō