Le sutra du Zagu
Zagu no ge, 坐具の偈 ( Récité pendant la cérémonie de prise des préceptes, au moment de la remise du zagu )
Resplendissante est l’étoffe pour s’asseoir et méditer
reçue et utilisée par tous les Bouddhas.
Nous faisons le vœu d’inclure tous les êtres
et de toujours nous asseoir à l’intérieur de ses limites.
zen zai nishi dan 善哉尼師壇
shobutsu shoju yu 諸佛所受用
gangu is-saishu 願共一切衆
jōza ogo chu 常坐於其中
On trouve dans le « Baizhang Zen Monastic Regulations » ( du maître Zen Baizhang Huaihai (720–814), traduction du chinois par Shohei Ichimura , traduction de l’extrait par Tenryû , https://www.thezensite.com/ZenTeachings/Translations/Baizhang_Monastic_Regulations.pdf, P. 221 )
« Cet accessoire est appelé niĀīdana (nishitan) en Sanskrit et « une pièce de tissu sur laquelle s’asseoir quand on le souhaite » (suizuoyi) en Chinois. Dans le vinaya des Mūlasarvāstivādin (Genbenpinaiye), la translitération est « nishidanna » et la traduction en chinois de l’époque des Tang « zuoju » c’est-à-dire « L’ustensile pour s’asseoir ». Selon le Vinaya en Cinq parties, (Mahīśāsaka-vinaya ; Wufenlü) c’est un « ustensile » for protéger le corps du sol, et éviter au kesa ainsi qu’à la robe du moine d’être souillés et c’est pourquoi il est prescrit que « chaque moine de devrait transporter sa propre pièce de tissu pour s’assoir ».
Le Mahāsa‘ghika-vinaya fournit les informations supplémentaires suivantes au sujet de sa taille : Sa longueur doit être de deux « bras du Bouddha » , et sa largeur de un « bras du Bouddha » et demi. ( Sachant que la mesure de un « bras du Bouddha » correspond à (env) 71cm, la pièce de tissus devrait donc mesurer 142cm X 106cm ) «
Le zagu est de nos jours utilisé dans les situations suivantes: Il est déplié pour les prosternations, pour s’asseoir pendant les cérémonies, pour s’asseoir lorsque l’on pose une question en mondo. cet accessoire a eu cependant d’autres usages, et sa forme n’a pas toujours été ce qu’elle est le plus souvent aujourd’hui, c’est-à dire un cadre noir sur blanc, ou un cadre de la couleur du kesa sur fond blanc.
On peut voir dans les images ci-dessus que le zagu peut-être utilisé pendant zazen, plié, ou déplié. il n’y a là rien d’étonnant puis que le nom lui-même de l’accessoire (za-gu) contient l’idée de l’assise ( za, comme dans za-zen ), le zagu est là pour protéger le kesa, éviter que celui -ci touche le sol. l’utiliser pendant zazen va donc de soi, d’autant plus si, comme dans les portraits de Jiun sonja, la pratique a lieu à l’extérieur où le kesa est d’autant plus suceptible d’être sali ou abîmé.
Le zagu protège le kesa, mais pas seulement pendant l’assise. On trouve dans le volume chinois Chanyuan qinggui qui expose le code de conduite des moines zen, une description de la manière de préparer ses différents sacs, la manière de ranger ses quelques possessions, de les ranger, les répartir etc… ainsi, dans le sac porté sur le devant, nous trouvons les propriétés sacrées du moine et dans celui de derrière les autres plus ordinaires. Dans le sac de devant se trouvent donc entre autres choses, les 3 kesa, et ceux-ci sont enveloppés dans le zagu nous dit-on :
« Le sac de devant contient les trois kesa qui sont recouverts d’un tissu et enveloppés dans le zagu »
Le zagu peut donc protéger le kesa pendant son transport, et non seulement pendant zazen ou bien une cérémonie.
une autre usage du zagu peu paraître plus surprenant et inattendu.
On trouve dans les livres de Jiun Sonja des illustrations de l’auteur qui représentent , d’après les textes sanskrits du vinaya un usage inattendu du zagu ( et des kesa par la même occasion ! ) On peut voir sur la photo ci-dessous Kishigama Roshi démontrer cet usage du kesa pendant un teisho.
le zagu pour protéger le corps de la chaleur, du froid.
Comme le rappelle Françoise Kosen Laurent dans son article « La manière juste de prêter son kesa » ( revue Sangha No54 de Septembre 2021 ) : D’une manière générale le zagu est posé sous le kesa ( même dans la pochette ) car sa fonction est d’éviter au kesa de toucher le sol.
Conclusion : si bien sûr il y a un sens symbolique à empécher que le kesa ne touche le sol lors des sampai, il ne faut pas perdre de vue que le rôle du zagu fut avant tout pratique : protéger le corps du moine et son kesa quand cela se révélait nécessaire et que le zagu pouvait remplir cette fonction